
Critique littéraire blog : ce que ça révèle
Critique littéraire blog, ce que ça révèle ! Parce que oui, écrire des critiques de livres (ou de toute autre oeuvre artistique ou non artistique) c’est d’abord et avant tout exprimer au grand jour la personnalité, la façon de penser, voir les obsessions ! du critique en question. Et parfois, cela parle bien plus du critique que de l’objet critiqué…

(crédit photo StarGlade)
Lorsqu’un auteur écrit, une fois son texte achevé, ou son livre, alors celui-ci ne lui appartient plus. Une fois les mots couchés sur le papier, une fois qu’un lecteur s’en est emparé, le texte d’origine n’est plus celui de son auteur. Et je ne parle pas là des histoires de droits d’auteurs ! Entendons-nous bien. Non.
Ce que je veux dire et qui est bien connu, c’est que l’interprétation d’un écrit qui va être faite par le lecteur n’aura, dans nombre de cas, que fort peu à voir avec l’interprétation première qu’en faisait l’auteur lui-même. Et c’est d’autant plus vrai quand le texte est ancien et l’auteur mort depuis belle lurette !
Petite critique sur l’enseignement biaisé qui est fourni à l’école
Ainsi, lorsqu’à l’école, au collège ou au lycée, on vous expliquait que tel écrivain du XIIIe siècle (par exemple Rutebeuf) voulait exprimer ceci ou cela. Que dans sa pensée il y avait… et patati et patalo… Eh bien il n’y a rien de plus faux, de plus erroné que ce genre d’assertion tout simplement parce qu’elles sont interprétés par de tierces personnes.
Étaient-elles dans la tête de l’écrivain au XIIIe siècle ? Non. Avec quel regard observent-elles cet homme du XIIIe siècle ? Certainement pas avec le poids de l’époque concernée. Plus certainement avec l’idée que l’on se fait aujourd’hui de la fameuse époque en question. Sans parler qu’il est aussi toujours d’usage de modeler, de transformer l’histoire, les hommes, au gré des intérêts de certains et au gré de la politique du moment.
C’est exactement le même principe de base de ce jeu que ce que l’on appelle le téléphone arabe. Vous recevez une information, que vous communiquez à une deuxième personne, qui la communique à une troisième personne, etc. (alors imaginez sur x siècles !) Chacun y ajoutant son grain de sel et transformant au final le sens premier du message.
Du coup, le pauvre auteur, le malheureux écrivain s’en retournerait sans doute dans sa tombe s’il voyait ce que l’on dit de lui et de ses textes aujourd’hui… Ou pas ! Parce que nous n’avons aucun moyen de le savoir et prétendre le contraire est juste se fourrer le doigt dans l’œil et ce jusqu’au coude.
Critique littéraire blog : le fruit d’une époque, la mouvance d’une période de l’histoire
Pour commencer les opinions des uns et des autres sont donc le reflet de l’époque à laquelle elles sont faites. Or le risque le plus classique est de se laisser un peu trop influencer par son époque. Le risque le plus courant est de suivre le mouvement. Ainsi, pour arriver à faire une critique qui ne soit pas dans l’air du temps mais qui soit mûrement réfléchi, qui soit une vraie remise en question de soi-même pour arriver à entrer dans le monde de l’auteur que l’on vient de lire – bref, pour entrer en empathie avec ce dernier -, il faut d’abord arriver à s’extirper de la mouvance ambiante. Et ça, c’est un sacré défi !
« A chaque fois que vous vous retrouvez du côté de la majorité, il est temps de faire une pause et de réfléchir. » disait Mark Twain, à raison.
Maintenant, le critique littéraire blog a aussi une personnalité qui lui est propre, en dehors du fait qu’il soit le fruit de son époque…
Tout, vous saurez toute la Vérité sur LE critique et pas forcément sur LA critique du livre traité
Ainsi, décider d’émettre ou d’écrire une critique – qu’elle soit littéraire ou concerne un autre sujet, le fond est le même -, c’est décider de poser un jugement de valeur propre à la personne qui pose ce jugement. Ce n’est en rien une vérité avec un grand V pour le reste de l’humanité. C’est par contre LA grande vérité de la personne au moment ou elle s’exprime.
A l’instant T où le critique déclame son opinion à la face du monde (et ce même s’il change d’avis plus tard), il expose au regard des autres ce qui le travaille au plus profond.
Tout comme l’auteur d’un livre, ou l’écrivain, le critique se met à poil devant ceux qui le lisent. Parfois c’est beau à voir, d’autres fois certains se passeraient bien du spectacle pendant que d’autres se délectent de voir cette explosion d’humanité (bonne et moins bonne) jaillir de tous côtés. Car oui, que l’on soit auteur d’un livre ou d’une critique, que l’on se défonce, se mette la tête à l’envers. Que l’on y mette ses tripes ou que l’on fasse cela par dessus la jambe. Ce que nous écrivons met en lumière une grande part de nous-même. Cela nous met à nu de façon plus ou moins élégante selon les critères de chacun. Car tout est toujours une question d’interprétation personnelle.
Exemples de réactions assez typiques
Ainsi, un auteur qui écrit par exemple un texte comparant des plantes et leurs façons d’envahir des territoires (comme la menthe, les orties, les ronces, etc.) aux humains et leurs façons de se comporter dans différents pays, sur différents territoires, va provoquer des réactions complètement différentes,voir épidermiques, selon chaque lecteur. Et aussi selon l’idéologie majoritaire du moment ! Celle qui est dans l’air du temps.
Pour les uns (un petit nombre) ce sera une excellente comparaison qui donne à réfléchir. Peu importe que l’on soit d’accord avec ou pas, ça donne à réfléchir. Pour d’autres ce sera juste un texte sans grande importance. Pour d’autres encore ce texte sera synonyme de racisme, d’appel à la haine et son auteur sera d’office qualifié de fasciste ! rien de moins.
Critique littéraire blog, oui, je l’avoue c’est du vécu…

(crédit photo StarGlade)
Le critique est une personne
Mais alors à quoi servent les critiques au final, si elles parlent souvent plus de l’auteur de la critique que du livre ? Parce que ce qui intéresse le lecteur, c’est bien de savoir si tel ou tel autre bouquin vaut le détour ! Ce n’est pas de découvrir les angoisses personnelles du critique, ni ce qui le mène actuellement dans sa vie !
- Est-il de bonne humeur ?
- A-t-il bien mangé ?
- Sa digestion est-elle pénible ?
- Sa vie sentimentale est-elle un fiasco ?
- Sa vie familiale tourne-t-elle au bras de fer permanent ?
- Est-il en permanence en conflit avec lui-même ?
- A-t-il l’impression d’être un extra-terrestre dans ce monde ?
- A-t-il des revanches à prendre sur la vie ?
- etc.
Parce que oui, en fonction de ce qui précède, il est bien clair que l’acidité, voir l’aigreur du ton risquent de prendre le dessus dans nombre de cas…
Une personne mal dans sa peau, mal dans son corps, fera toujours resurgir son malaise dans ses écrits. L’écrit pourra être estimé beau ou jugé laid, en fonction du style du critique et, en fonction du lecteur qui devient à son tour critique. Le critique du critique qui critique un livre.
D’autre part, lire une critique et la prendre pour argent contant, pour vérité première est donc pour le coup faire preuve d’un cruel manque d’esprit critique. C’est se laisser embarquer, se laisser influencer à outrance et donc dominer par d’autres. Et ça aussi, c’est très révélateur !
Les nombreuses facettes des critiques
Au départ, ce qui intéresse le lecteur ce n’est pas de connaître les passions du critique, passions qui peuvent se trouver en complet décalage avec celles d’un auteur qui vient tout juste de se faire publier et dont l’autre, le critique, a décidé d’en faire la critique !
Parce que oui, soyons clair, une personne heureuse dans sa vie ne ressent pas le besoin de baver sur le dos de son voisin, bien au contraire ! Elle va adoucir les angles voir carrément entrer en empathie.
Tout comme une personne bien dans sa peau et heureuse ne va pas ressentir le besoin d’écrire un livre où tout va de travers. Elle ne va pas écrire un roman dramatique pour faire pleurer dans les chaumières ni un roman d’horreur pour terroriser les foules, donner le grand frisson à ceux qui s’emmerdent dans leur existence ! Cela ne correspondra pas avec celle qu’elle est au plus profond, donc ce qui sortira de ses tripes n’aura rien à voir avec tout ça.
A l’inverse, une personne maussade, en conflit permanent avec elle-même sera d’office en conflit permanent avec le reste du monde. Et alors là, oui, ça va voler dans tous les sens !

Etre en attente de quelque chose ou être ouvert à ce qui se présente, peu importe les répercussions ? (crédit photo Comfreak)
L’attente du critique
Si le critique littéraire blog ou autre est en attente de quelque chose lorsqu’il entame sa lecture, il a de fortes chances d’être déçu. Il a de fortes chances de ne pas voir son attente comblée parce que c’est exactement comme dans la vie !
Si vous êtes en attente de quelque chose de particulier dans une relation, vous risquez d’être surpris à l’arrivée ! Parce que vous n’êtes pas juste ouvert à ce qui vient. Vous, vous voulez un truc spécial. Vous avez une exigence de résultat. Et si vous n’obtenez pas ce résultat ? Si vous ne trouvez pas ce que vous attendez ? Vous risquez fort d’être insatisfait et de dire que l’autre en face, bah il n’est pas prometteur. Ou que l’autre en face, là, il manque de profondeur. Ou que son travail manque de profondeur. Bref, vous allez le critiquer en fonction de votre attente.
Du coup, vous reportez sur l’autre votre déception, car oui, soyons lucide, vous lui faites porter le chapeau ! Vous lui collez sur le dos votre propre boulet personnel alors que l’autre, il n’y est pour rien. C’est juste votre attente à vous, votre perception de la vie, votre ouverture d’esprit avec un certain angle de vue qui provoque votre déception. C’est parce que votre focale n’est pas grande ouverte que vous émettez alors une critique négative.
Critique positive, critique négative du critique littéraire blog
Au niveau du critique, une critique, à la base, n’est pas obligatoirement synonyme de critique négative, donc de regard déçu car en attente de quelque chose sur un texte. Une critique peut tout à fait mettre en avant la beauté, la richesse du contenu d’un livre. Elle devient alors pour tout le monde une critique positive.
Au niveau de l’auteur du livre critiqué, il est dit un peu partout que celui-ci doit être capable de recevoir les critiques dites constructives (à savoir celles qui sont négatives par rapport à son texte). Qu’il doit pouvoir remettre en question son travail en fonction de l’attente du critique. Et s’il ne le fait pas ? Il est alors jugé incapable de recevoir des critiques. Et ça, soyons clair, c’est pas bien vu du tout ! car à notre époque, il est impératif de se conformer aux attentes d’autrui ! Oui mais, sauf que, chercher à plaire à tout le monde est juste impossible. Chercher à combler les attentes de tout le monde c’est juste décider d’un seul coup de porter les boulets des autres sur votre dos et vous écraser petit à petit jusqu’à vous faire disparaître si vous n’y prenez pas garde.
Peut-on lire une critique littéraire blog comme on lit un livre ?
Oui, il faut se laisser embarquer si l’on a la curiosité de comprendre et de ressentir ce que l’autre ressent. Il faut arriver à entrer dans le monde de l’auteur du livre ou de la critique (si l’on fait le choix de lire des critiques, ce que personnellement je ne fais plus depuis des années, préférant ne pas risquer de me faire influencer). Et ensuite, faire la part des choses, prendre du recul et se faire sa propre opinion.
Selon moi, un livre ou une critique est toujours une bonne chose. Il est juste nécessaire de prendre conscience de ce qui est visé dans le livre ou la critique, de ce qui se trame derrière. Parce que oui, ce qui mène l’humain (en dehors de l’amour), c’est lui, c’est uniquement lui en tant qu’individu unique.
Donc telle personne aura besoin que l’on parle d’elle, qu’on la reconnaisse. Telle autre voudra épater, voir choquer, pour se sentir exister, pour se sentir vivre. Une autre encore aura besoin de s’exprimer par écrit faute d’être un bon orateur et autant dire que ça va déménager ! Une autre fera des critiques parce qu’elle n’arrive pas à écrire… un livre. Etc.
Faut-il vraiment tenir compte des critiques des uns et des autres et, à quoi bon en lire ?
Enfin, on lit une critique, on suit un auteur de critique littéraire blog (ou autre) parce que l’on aime l’auteur en question. On apprécie au plus haut point son style, sa façon d’exprimer les choses, sa verve, voir son regard lucide. On décide de suivre un critique littéraire parfois plus pour le plaisir de le lire que pour les livres qu’il critique, et ce même si bien souvent les deux vont de paire.
On ne décide pas de suivre les écrits d’un critique juste pour choisir ses lectures en fonction de ce qu’il en dit. On décide de suivre un critique parce que déjà, dès le départ ! On aime sa façon d’écrire, de poser les choses noir sur blanc. On aime sa manière de nous faire réfléchir. On l’aime pour tout ce qu’il nous apporte, pour son humanité et ses réflexions.