
Désir d’amour désir physique : Retour à Blue Valley
Désir d’amour désir physique, ce truc après qui tout le monde court, ce truc fou qui fait couler de l’encre et des larmes depuis des lustres, cette quête infernale qui fait tourner les têtes et fait parfois plonger dans la folie ou dans la mélancolie (romantisme oblige !), quand les choses ne sont pas dites ou sont mal comprises ou, impossibles dans la tête de chacun… Un savoureux aperçu, ici, avec le livre d’Aurélie Depraz, Retour à Blue Valley.
Présentation de l’auteur :

Aurélie Depraz
Aurélie Depraz écrit ses trois premières romances historique à l’âge de trente ans. Touche-à-tout et curieuse, elle cumule différentes activités professionnelles en plus de l’écriture de ses livres : l’œnotourisme, l’enseignement privé de matières littéraires et la préparation d’élèves au baccalauréat. Aurélie Depraz partage également sur son blog des articles sur le genre de la romance, la place de l’amour et de l’érotisme dans la littérature, l’Histoire et les grands mouvements littéraires, les plus importants courants amoureux, l’évolution du genre romanesque et tout ce qui touche, de près ou de loin, à l’univers de ses romans, à son parcours dans l’édition et à ses projets d’écriture.
Retour à Blue Valley est son dixième roman. Aurélie Depraz quitte momentanément, avec cet ouvrage, son genre de prédilection : l’historique. Mais que les amoureux du genre se rassurent : la passion de l’auteure pour l’Histoire n’en transparaît pas moins à de nombreuses reprises au cours de ce voyage au cœur du pays des cow-boys, des traditionnelles petites villes de ranchers… et des grands espaces sauvages de l’Ouest américain ! Nous dit-on dans sa présentation sur amazon.
Résumé du livre
Lorsque Kate revient à Blue Valley pour régler la succession de son père après dix ans d’absence, elle est à bout de nerfs. Les souvenirs de son enfance l’assaillent, Gary se remet à la harceler, le contrecoup de sa récente rupture avec Carl est encore douloureux… et, surtout, elle craint à tout instant de retomber sur le grand et seul véritable amour de sa vie : Luke.
Luke, qu’elle a toujours aimé en secret. Luke, dont elle n’a finalement jamais cessé de rêver. Luke, enfin, qui a brisé son cœur, cette nuit-là, près du lac. Et dont elle ne peut absolument pas se permettre de retomber amoureuse.
Parce que sa vie est à Los Angeles, désormais. Parce que leurs chemins se sont séparés. Et parce qu’elle n’est de retour dans le Montana… que pour quelques jours à peine.
Heureusement, Debbie et Summer sont à ses côtés. Forte de leur humour et de leur soutien inconditionnel, Kate parviendra-t-elle à braver enfin son passé et à remettre un peu d’ordre dans sa vie présente… tout en réfrénant les élans de son cœur ?
Désir d’amour désir physique : Extraits du livre

Chevaux dans le Montana, qui sont largement présents dans la romance d’Aurélie Lepraz, Retour à Blue Valley. Ils sont là, sans pour autant avoir été utilisés dans des descriptions purement érotiques. La croupe des juments étant bien souvent motif à jouer avec l’image comme avec les mots… Ici ce n’est pas le cas.
– Et… cette petite, elle est destinée à quoi ? Le saut ? La course ? La voltige ?
– Au travail en ranch et à l’équitation western. Reining, roping, western riding, trail, cattle penning, cutting.
Cette fois, Summer ne fit pas même semblant de savoir de quoi on parlait.
– En gros, l’équitation de travail. le travail du bétail, le lasso, l’évolution dans un ranch, dans la montagne, dans les hauts pâturages, un peu tous les terrains, y compris accidentés. La monte à cru… Tout ça… Tout ce qu’il faut savoir pour en faire une bonne rabatteuse. Un bon outil de travail. Et un bon moyen de locomotion. Rien à voir avec l’équitation classique.
Voilà qui était plus clair.
– C’est un sacré boulot. Le cheval doit être placide mais hyper réactif, hyper réceptif, saisir l’intention du cavalier avant même d’en avoir reçu l’instruction, comprendre toutes les formes d’aides, la conduite à une seule main… Il doit savoir sprinter, slalomer, effectuer des tournants serrés, changer rapidement de pied, marcher à reculons, maîtriser les arrêts nets, les arrêts glissés, les pivots, les pas latéraux, les spins, les rollbacks… Et puis, le gars va passer dix à quatorze heures par jour en selle : sa monture doit avoir une marche souple, confortable, naturelle. Ca se travaille, ça aussi. Sinon, c’est l’enfer. Si votre cheval n’est pas droit de hanches et d’épaules, s’il n’est pas léger à la main ou aux jambes, s’il n’est pas équilibré, pas régulier dans ses allures, c’est vraiment désagréable – et crevant. Et ça, dans un ranch, on ne peut pas se le permettre.
***
Luke, les yeux rougis de fatigue, les cheveux en pétard, marchait au radar. Il était 5h30 du matin et il n’avait pas fermé l’oeil de la nuit. Des images de Kate n’avaient cessé de le hanter et il avait passé une nuit exécrable.
Kate à dix-sept ans. Kate à vingt-sept ans. Kate à cheval. Kate au lycée. Kate près du lac. Kate nue dans ses bras. Kate…
Il en avait la migraine.
Et il avait beaucoup, beaucoup de travail. La journée commençait mal.
En, jean et tee-shirt blanc, il descendit pieds nus au rez-de-chaussée.
Nonna, déjà au travail, pétrissait une pâte dans une grosse jatte en faïence. La vieille cafetière glougloutait gaiement. la table du petit-déjeuner était mise.
Luke ne savait pas comment Maggie se débrouillait. Elle était toujours debout avant tout le monde, alors même qu’ils commençaient aux aurores. Elle faisait preuve d’une énergie surprenante et semblait chaque matin de bonne humeur, tandis qu’il émergeait parfois avec peine – quand il avait la bonne idée de passer la nuit à fantasmer sur Kate au lieu de profiter de six bonnes heures de sommeil nécessaire et réparateur, par exemple. Et, au moment où il descendait, elle avait toujours dressé la table, mis la cafetière en route, glissé du pain dans le toaster, trait Rosalinda, ramassé des œufs frais au poulailler et mis du lait à chauffer – Rob, à bientôt vingt-cinq ans, continuait à manger des Cheerios… versées dans un bol de lait chaud. Les céréales se ramollissaient en un clin d’œil et le tout finissait en une sorte de bouillie dont il se régalait, parfois même avec quelques cuillères de confiture maison. C’était écœurant.
Approche 100% subjective de cette romance
Ce livre, je ne l’ai pas acheté, je l’ai gagné à un concours. Je le souligne car d’habitude, je ne gagne jamais rien dans les concours parce qu’en fait, j’y participe rarement… Et là, j’ai gagné un ebook d’un auteur dont j’avais déjà lu tous les précédents livres !
Bref, tout ça pour dire que les romans d’Aurélie Depraz, je les suis de près. Pourquoi ? Parce qu’ils me délassent. Parce qu’ils parlent à la miss fleur bleue que je suis dès que l’on creuse deux minutes. Parce que j’ai beau râler sur cet aspect purement culturel des attentes de princes charmants et autres folies qui vont bien avec, il n’y a rien à faire, pour me vider la tête, je ne trouve rien de mieux que d’aller lire ce genre de bouquins (ou voir des films du même genre)…
Mais pas que !
Car pour me satisfaire, il me faut une ambiance particulière, une ambiance qui me plonge dans ce que l’on nomme couramment : l’Histoire avec un grand H, en plus de la romance.
Mais encore !
Je suis aussi très impressionnée par le professionnalisme d’Aurélie Depraz. Pour être claire, elle est une sorte de modèle pour moi, au rayon des auto-édités qui savent tirer leur épingle du jeu.
Mais revenons-en à Retour à Blue Valley et à mes impressions…
Désir d’amour désir physique, soif de bonheur et de liberté
C’est dans un décor, le Montana, où la rudesse et la beauté expriment à merveille les élans du cœur et du corps, que se déroule cette histoire. La fougue, la violence de deux corps qui, affamés l’un de l’autre se cherchent avant de pouvoir enfin se retrouver, c’est un peu comme la fureur des éléments, l’hiver, dans cette Amérique encore sauvage. La fureur du vent qui souffle, de la neige qui tombe sans répit, la puissance animale des chevaux sauvages dans une cavalcade endiablée, c’est tout ça et bien plus encore…
L’homme, l’humain rêve de passion depuis la nuit des temps. Sa soif et sa faim en la matière n’ont d’égal que son acharnement à vouloir se satisfaire par tous les moyens en passant tout d’abord par toutes les frustrations possibles et imaginables de la terre.
C’est donc par la torture mentale des uns et des autres, sous le beau prétexte de se protéger, que chacun avance dans sa quête. Autant dire que ça ne se fait pas tout seul !
Donc ici comme ailleurs, la liberté de vivre heureux, ça se gagne à la force du poignet (n’y voyez là aucun jeu de mot qui pourrait prêter à confusion), qu’il s’agisse d’érotisme comme de sentiments amoureux.
Kate et Luke vont longuement se tourner autour – c’est d’ailleurs tout ce que nous leur demandons ! -, quitte à se faire subir les pires tortures mentales ! Même pas peur ! Enfin si, peur, pour ne pas dire terreur, de se tromper, d’être déçu. D’où les nombreux tours et détours de nos deux héros.
C’est toujours pareil, c’est lorsque l’on a plus rien à perdre que l’on y va, que l’on ose et qu’on gagne ! Et Kate et Luke vont en effet le vérifier.
Désir d’amour désir physique : La difficulté du genre romance érotique et historique
Dans le livre de Michèle Andrieux, L’Orfèvre, j’avais déjà fait cette remarque – car c’est typiquement la difficulté majeure, selon moi, des romances historique et autres romans qui se veulent proche de l’histoire avec un grand H -, remarque aussi valable pour celui de Solène Bauché Le choix du roi, à savoir que les énumérations sans fin, ou à rallonge, de faits historiques sont un piège dans lequel il vaut mieux éviter de tomber si l’on ne veut pas lasser ses lecteurs. Et en disant cela, je sais combien c’est difficile à réaliser !
Je notais ainsi : « J’avais déjà ressenti cette façon de faire dans la première partie du roman historique de Solène Bauché, Le choix du roi, un très beau roman, qui cependant péchait aussi, selon moi, par excès de description au détriment d’un récit vivant. Ou plus précisément encore, d’un récit nous faisant vivre l’histoire avec un grand H, en même temps que l’histoire, et ici la romance, pour L’Orfèvre.
C’est toute la subtilité entre énoncer des sentiments (ou des faits), et nous les faire vivre au travers des personnages. La première approche lasse vite, pendant que la deuxième nous tient en haleine.«
J’ai la même critique à formuler (voir plus bas) au niveau de l’écriture autour des relations sexuelles en elles-mêmes.
Un superbe mélange entre vie au XXIe siècle et vie dans l’Amérique d’après les chercheurs d’or
J’ai beaucoup apprécié la découverte des carnets mettant en avant la vie d’une femme à l’époque des premiers colons d’Amérique. Les colons d’après le passage des chercheurs d’or dans le Montana. Une façon de faire qui donne des éléments d’histoire avec un grand H, tout en faisant avancer l’histoire, tout en donnant de la matière, une certaine étoffe supplémentaire à la romance. Une étoffe qui fait que cela va m’attirer, m’aimanter.
(note : dans un tout autre genre, c’est aussi ce qu’avait fait Antoine Anglade dans son livre Le Dernier Inca, la découverte de carnets anciens est toujours une bonne approche pour donner un certain relief et une certaine profondeur à un ouvrage)
Cette approche, cette recherche qui donne envie de creuser plus encore le sujet, tout comme l’héroïne de ce livre, Kate.
Parce que oui, je me suis retrouvée aussi intéressée qu’elle, à vouloir en savoir plus sur la vie de ces femmes (les ancêtres de Kate, dans ce livre), sur leurs choix, leurs joies, leurs désespoirs, à un siècle passé où vivre dans le Montana ce n’était pas une partie de plaisir (et ça limite toujours actuellement la venue de personnes uniquement éprises de facilités…).

Grizzly dans le Montana, sa force, sa puissance, aussi redoutable que belle. (crédit photo : Steppinstars)
On y risquait sa peau rien que par la rudesse des hivers, de la vie en général, et la faune des lieux. Sans parler de cette folie purement humaine de vouloir tout maîtriser en important des animaux pas du tout acclimatés au Montana – des vaches – tout en faisant quasiment disparaître les bêtes du cru – les bisons ! – de la surface de cette terre.
Donc de la profondeur dans ce livre, en dehors de la romance en elle-même.
De la légèreté, de l’humour et une touche de suspense, en plus de la profondeur historique
Si parfois je peux trouver la façon d’écrire d’Aurélie Lepraz un tantinet fatigante (je vais y revenir plus loin), nombre d’autres fois je souris, quand je n’éclate pas franchement de rire !
En fait, en règle générale – c’est d’ailleurs pour ça que continue à lire tous ses livres -, j’y trouve ce qu’il me faut pour à la fois m’extirper de mon quotidien, me vider la tête de mes préoccupations du moment (pour éventuellement m’en coller d’autres en tête, car oui, soyons lucide deux minutes, la littérature de type romance comme n’importe quelle autre type de littérature, ça vous entre dans le cerveau et ça y reste ! et donc oui, ça influence forcément si on n’y prête pas gare, si on n’est pas conscient de ce qui se passe en nous, en soi), retrouver le sourire et me sentir bien, plus légère.
En clair, pour moi, entrer dans un livre d’Aurélie, et ici dans Retour à Blue Valley, c’est prendre un billet simple pour un voyage au pays du plaisir et de la légèreté. Et pourtant… Il y a de la casse et de la castagne dans ses lignes ! N’empêche que… Sur le fond, c’est ça.
Un auteur qui progresse dans son écriture, dans son savoir faire d’écrivain
Je vais dériver un peu sur les anciens livres d’Aurélie pour que vous compreniez bien mon point de vue. Au fur et à mesure de la parution de ses ouvrages, j’ai remarqué une nette amélioration dans l’écriture en elle-même. Alors, selon mes critères personnels ! nous sommes d’accord.
Certes, tous les ouvrages d’Aurélie sont ciblés romances historique (en dehors de Retour à Blue Valley qui se passe à notre époque). Et quand je dis romance, c’est aussi typiquement romance érotique. Mais dans ses premiers livres, ça en devenait lourd, redondant et bien trop répétitif. Tous ses détails d’une relation sexuelle vue à la loupe dans toutes les positions. le truc vu en long en large et en travers (qui serait nommé du porno s’il s’agissait d’un film), moi ça me gavait. Sauf que ! Au fur et à mesure, ses ouvrages sont devenus plus digestes, enfin toujours pour moi, hein (nous somme dans l’approche purement subjective, je vous le rappelle !).
Alors je me pose deux questions, ou elle a effectivement pris un peu de recul et donc de savoir faire dans l’aspect écriture purement « érotique », ou c’est moi qui ai fini par m’habituer à sa façon d’écrire… (?)
Je pense que la vérité doit se situer dans un joli mix de ses deux suppositions.
Donc oui il y a du sexe dans les livres d’Aurélie, mais plus à coup de massue comme ça l’a été au début. Il y a plus de finesse, de légèreté. La folle passion brute est toujours bien présente mais l’érotisme en lui-même est beaucoup plus visible qu’avant. Disons que c’est moins brut de décoffrage. (et là, c’est moi qui m’y colle, dans le brut de décoffrage)
Du coup, je trouve cet ouvrage bien plus abouti que les premiers ! Je m’étais d’ailleurs aussi fait cette remarque en lisant sa série des Passions Londoniennes (en trois tomes)…
Pour conclure sur ce livre autour du désir d’amour désir physique, je dirai, chapeau bas, Aurélie ! Et vivement de nouveaux ouvrages…
Pour lire cette romance, cette histoire d’amour en plein Montana du XXIe siècle (mais pas que !), ce désir d’amour désir physique vu par Aurélie Depraz, pour l’avoir dans ma bibliothèque, je clique ici : Retour à Blue Valley
Odile