
Je lis des autos-édités et des édités
Je lis des autos-édités et des édités parce que mes seuls critères sont la littérature avant tout. Les déchirements entre le camp des autos-édités et celui des édités ne me sont rien. Priorité à la littérature sur toute autre considération.

(crédit photo GDJ)
Il est très tendance de mettre en avant des critères particuliers pour souligner que nous défendons tel ou tel autre mouvement, ou idée, ou concept. Le hic, c’est que la plupart du temps, en voulant soutenir, défendre, aider ! le mouvement en question, on renforce sa mise à l’écart.
Pointer du doigt, montrer à la face du monde une particularité, cela met l’accent sur elle sans pour autant la faire accepter. L’acceptation des choses pleine et entière vient du dedans, pas de l’extérieur. C’est une prise de conscience personnelle, une expérimentation intime. Ce n’est pas un truc qui se fait sur la place publique.
Alors cela ne veut pas dire qu’il n’est jamais nécessaire de parler des choses ! Loin de là. Cela veut juste dire que si ça tourne à l’obsession, que l’on se place dans le rôle de l’éternelle victime incomprise de ses semblables, alors l’effet sera inverse de celui escompté.
Une particularité est acceptée dès lors que l’on n’en parle plus ou que l’on ne ressent plus le besoin de la mentionner
Je lis des autos-édités et des édités, donc oui, si je ressens le besoin d’en parler c’est bien parce que ce n’est pas encore un acquis. Alors pas à mon niveau. Mais lorsque je sillonne les réseaux sociaux et que je vois les réactions des uns et des autres, il me semble évident qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire dans les esprits de chacun, à ce sujet.
Je lis des autos-édités et des édités, un petit exemple hors contexte
Il y a plusieurs mois, j’ai reçu une demande qui sur le coup m’avait laissée sans voix. C’était une demande d’un site de vacances LGBT (je ne savais même pas que ça existait !) qui voulait savoir si j’étais d’accord pour que mes chambres d’hôtes soient inscrites chez eux, sur leur registre, pour leurs abonnés. Encore une fois, j’en suis restée bouche bée.
Non. J’ai répondu non. Clairement non. Et vous savez pourquoi ? C’est tout simple. Viennent dans mes chambres d’hôtes toutes personnes majeures affublées de deux jambes en bon état de fonctionnement (pour monter l’escalier) et d’un minimum de cerveau pour faire une réservation en ligne. Point barre.
Je me contre fiche de savoir si untel ou telle autre préfère dormir à droite ou à gauche, sur le ventre ou sur le dos, ça ne me regarde absolument pas. Alors encore moins les penchants sexuels de mes voyageurs ! Ce n’est en aucune façon un critère de sélection pour venir chez moi! Et donc, non, mes chambres d’hôtes ne sont pas non plus un repaire LGBT. Non. J’accepte des voyageurs de tous horizons, des voyageurs qui respectent les lieux et les personnes qui y vivent. Le reste ne m’est rien.
Etre fier de sa différence tout en rêvant d’être comme les autres
Pourquoi je vous raconte ça dans un article sur mes lectures d’autos-édités et d’édités ? Parce que le mode de fonctionnement est exactement le même. La revendication découle du même principe, celui d’être reconnu et accepté. En jouant sur le fait d’être différent, à part, tout en en crevant, de cette différence, tout en rêvant de faire partie de ceux qui sont reconnus. Bref, c’est l’histoire du chien qui tourne en rond et se mord la queue, ça n’avance pas.
C’est, encore une fois, à chacun, séparément, de faire ce boulot là sur lui-même. Arriver à ne plus avoir besoin d’une reconnaissance extérieure parce que l’on se reconnaît déjà soi-même. Se fiche comme de l’an quarante de savoir si tel auteur est édité ou auto-édité. Parce que oui, on s’en tape ! L’important c’est le contenu de ce qu’il écrit. Rien d’autre.
Donc, si vous ressentez le besoin d’en parler tout le temps (que vous soyez auteur ou lecteur, d’ailleurs), c’est que déjà vous-même vous ne l’acceptez pas, cette situation. Cette différence là vous la vivez mal, vous la subissez, vous ne l’avez pas clairement choisi avec votre cœur. C’est que déjà vous-même ça vous pose problème. Du coup, comment voulez-vous que les autres l’acceptent si vous-même vous n’y arrivez pas ?!
De l’utilité des regroupements d’autos-édités
Se réunir entre personnes avec les mêmes recherches, ça aide à se sentir moins seul. Former une communauté est de tout temps un réflexe logique, normal, d’auto-défense lorsque l’on se sent en danger. C’est le principe même de base de toute société ! Ça booste aussi pas mal les choses, chacun faisant part de son expérience, de ses progrès, de ses avancées. C’est un véritable soutien lorsque l’on se sent démuni.
Ça permet d’avancer plus sereinement jusqu’à acquérir, du dedans, notre propre légitimité au lieu de continuer à la rechercher à l’extérieur. Par contre ça continue à faire de ces personnes des « hors circuit » pendant qu’elles ne rêvent que d’une chose, être dans le circuit. Enfin si elles restent dans cette vision des choses, sans progresser. Pour les autres, c’est un véritable tremplin qui va leur permettre de passer à autre chose, dans leur vie.
Priorité à la littérature
La beauté d’un texte, la profondeur d’une pensée notée sur un bout de papier ne deviennent pas meilleur ou moins bon en fonction de la marque de l’emballage, en fonction d’être auto-édité ou édité par une maison d’édition avec pignon sur rue.

Là, se sont mes critères personnels de lecture. Ils n’engagent que moi ! tout en invitant à me rejoindre, ou pas, ceux qui sont dans cette même recherche.
Il y a selon moi autant d’écrits pitoyables selon les critères de chacun (donc critères différents à chaque fois) chez les autos-édités que chez les édités. Idem si l’on considère la chose par l’autre bout de la lorgnette : il y a autant de bons écrits chez les autos-édités que chez les édités. Bon, ok, je vous fais ça à la louche, mais vous comprenez l’essentiel.
Donc peu importe comment le livre est paru, l’important est qu’il soit accessible et donc lisible ! Après, c’est à chacun de se faire sa propre opinion.
Où se trouve le goût de l’aventure, le goût du risque du lecteur ?
Ce qui est souvent mis en avant, c’est qu’en passant par une maison d’édition classique, le texte présenté, le manuscrit, est lu et revu par une tierce personne dont c’est le métier…
Comme si ça, c’était un gage, une certitude de qualité ! (sans parler du fait que les autos-édités ont quasi tous une flopée de bêta-lecteurs qui les suivent…)
Je ne sais pas pour vous, mais à mon niveau, c’est surtout et avant tout un gage que le livre en question sera formaté selon les critères de la maison d’édition. Et pourquoi pas ! Ça ne me pose aucun problème.
Par contre, ça n’a rien à voir avec des critères de qualité (en dehors de l’histoire de l’orthographe, et encore, il y a aussi parfois des erreurs à ce niveau-là, dans les maisons d’édition classiques…). Et c’est logique, puisque chaque maison d’édition a sa propre ligne éditoriale, ses façons de faire, sans parler de sa quête de chiffre d’affaires…
Nous ne sommes pas là dans des éditions juste pour la beauté du texte ! Ne nous leurrons pas, il est à la fois question de littérature et de commerce.
Du coup, à chercher absolument à lire des auteurs issus uniquement des maisons d’édition classiques, le lecteur perd aussi, au passage, un certain goût de l’aventure, un certain goût du risque. Goût de l’aventure et du risque qu’il reporte d’ailleurs dans les histoires recherchées, mais curieusement, pas dans sa vie de tous les jours ! en choisissant par exemple un simple bouquin à lire…
Je lis des autos-édités et des édités, ma conclusion personnelle : Priorité à la littérature sur toute autre considération.
Odile